En 1881, au point de vue
économique, le Sud du Minervois est au centre de vignobles produisant
des vins renommés mais déjà atteints par le phylloxéra. Plus on
monte, la culture de la vigne fait place à celle des céréales, des
noix et des châtaignes qui abondent vers Rieussec et les Verreries. Le
massif montagneux entre les rivières Cesse et Jaur renferme des marbres, des
schistes ardoisiers, des minerais de plomb argentifère et de cuivre. La
population est très rare dans la région traversée. Au Nord, se
trouvent des localités très industrielles comme Saint-Pons, Labastide, Mazamet et Castres. La ligne développera un trafic
entre ses extrémités par l'échange de produits dissemblables.
L'avis de relier le Sud (Minervois) au Nord (Vallée du Thoré), par un
chemin de fer qui aboutirait à Labastide-Rouairoux, est de nouveau
relancé en 1886. Le Conseil Municipal de Labastide pense qu'il vaut
mieux raccorder la ligne actuelle Bize-Narbonne à celle de Moux-Caunes.
Ensuite, il suffirait de construire une ligne ferrée de Caunes à
Labastide par la vallée de l'Ognon, le col de Serrières et Labastide
dans le Tarn. Il faut émettre le vœu que la voie ferrée de Moux à
Caunes soit prolongée jusqu'à Labastide par la vallée de l'Ognon en
desservant les communes de Trausse, Félines-Hautpoul, Saint-Julien des
Molières, Cassagnoles, Ferrals les Montagnes et les
Verreries-de-Moussans.
Le prolongement de la ligne Moux à Caunes jusqu'à Labastide
réaliserait la jonction des deux grandes lignes de la Compagnie du
Midi, de la manière la plus directe et la plus économique, puisque
Labastide se trouve à peu près au Nord de Moux. En outre, à part un
petit tunnel, peut-être même une simple tranchée dans les schistes de
Saint-Julien et un tunnel de 250 mètres environ sous le col de
Serrières, la ligne ne nécessiterait aucun ouvrage d'art important. La
voie pourrait être assise dans presque tout son parcours sur des
terrains en culture du fond des vallées de l'Ognon, de la Cesse et du
Thoré.
Elle traverserait dans sa première moitié un vignoble de plus en plus
important surtout par la supériorité de ses produits, et dans une
deuxième partie pendant environ 15 km, les terres les plus fertiles de la
montagne. Cette ligne nouvelle permettrait de livrer à l'exploitation
les gisements métallifères, les mines de charbon, les carrières de
marbre que la cherté et les difficultés du transport ont fait
abandonner (environs des Verreries, Ferrals, Cassagnoles et
Félines-Hautpoul). C'est dans le territoire de cette dernière commune
que se
trouvent de magnifiques carrières de marbre.
Au point de vue technique, elle suivrait deux rivières en sens inverse
dont la plus longue déjà étudiée, de Cassagnoles à Labastide, ne
dépasse pas un centimètre par mètre. Elle se souderait à la grande
ligne de Bordeaux à Cette, presque à égale distance de Narbonne et de
Carcassonne qui sont les deux points de départ des deux lignes
stratégiques de Perpignan, l'une par le littoral et l'autre par Quillan
et Rivesaltes.
En 1894-1897, les Chambres de Commerce de Narbonne, Mazamet et Castres
demandent la reprise de ce dossier de construction. Cette ligne serait
stratégique pour la célérité des transports militaires et assurerait
une communication directe avec l'Aude, l'Hérault et le Tarn. Ce
projet fut abandonné.
Quelques projets éphémères
Le projet de Bize (Aude) à Labastide (Tarn)
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